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RADIO FRANCE – À LA DEMANDE – PODCAST
Célébrée, prohibée, ambiguë, la sorcière a d’autres desseins que d’effrayer les petits. Elle délivre des messages, politiques ou symboliques, aux aînés. Présentée par Suzanne Gervais, cette série estivale, au travers de contes, de mythologies, raconte des approches culturelles de ces personnages folkloriques. Un podcast inspiré par Mona Chollet, journaliste et autrice de l’essai Sorcières. La puissance invaincue des femmes (La Découverte, 2018). Elle y questionnait les représentations de la condition féminine, tout au long de l’histoire. Toutes les époques ont leurs enchanteresses ou sibylles. Focus ici sur trois d’entre elles, Baba Yaga, Hécate et Mélusine, et sur les musiciens qu’elles ont inspirés.
« Un diable eut envie de fabriquer Baba Yaga. Il rassembla les douze bonnes femmes les plus méchantes et les mit à cuire. (…) Du chaudron sortit Baba Yaga », narre à l’oreille l’épisode consacré à cette babouchka diabolique, emblème des contes slaves. Mi-vieillarde squelettique mi-serpent, dévoreuse d’enfants, on trouve dans « Yaga », des racines étymologiques en sanscrit. Face à la montée du nazisme, elle est érigée en totem protecteur dès les années 1930. Gardienne de la forêt, elle règne en « maîtresse des bêtes » : « Lorsque j’apparais, un vent sauvage souffle, les arbres gémissent, une foule d’esprits accompagne ma cause ! » Igor Stravinsky remet Baba Yaga au goût du jour, en 1942, dans les Danses concertantes.
Hécate est une déesse grecque aux trois visages, dont ceux de ses sœurs, Artémis (déesse de la chasse et de la fertilité) et Séléné (la Lune). Cette multiplicité fait d’elle un objet de crainte, de suspicion. Elle est la plus ancienne sorcière occidentale − depuis le Ve siècle avant notre ère. Le compositeur britannique Henry Purcell écrit en 1689 un opéra autour des amants tragiques Didon, reine de Carthage, et Enée, prince de Troie. La ténébreuse Hécate, flanquée d’une horde de lampades, les nymphes des enfers, aime se jouer de leur amour, torturant leurs sentiments, faisant s’effondrer les grandes cités antiques (Troie et Carthage). L’opéra de Purcell devient une référence baroque, jamais égalée.
Mélusine est une fée du Moyen Age : « Animale, je suis en partie. Mousse des bois, onde limpide, celle qui ne doit pas être vue », susurre à nos oreilles une voix. Alors qu’elle est condamnée à se métamorphoser chaque samedi, son hybridité doit se manifester en toute intimité : une queue de serpent, de poisson… Elle est sirène. Elle trouve un époux qui s’accommode de l’impératif de la laisser seule en fin de semaine. Puis il rompt ce serment. Au XIXᵉ siècle, des deux côtés du Rhin, elle inspirera les romantiques. Felix Mendelssohn restaure son honneur en lui composant une ouverture, en 1834, La Belle Mélusine.
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